Donald Trump est de retour. Mais pourquoi le Maroc devrait-il se réjouir de ce changement politique de l’autre côté de l’Atlantique ? Ce retour évoque un moment clé pour le Maroc : en 2020, après sa défaite électorale, l’ex-président américain a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara. L’arrivée prévue de Trump à la Maison Blanche ravive ainsi l’espoir d’une avancée significative dans la résolution du conflit artificiel du Sahara marocain.
Le Bouclage : Ahmed Moustad
Bien que l’administration Biden ait maintenu cette décision, certains projets, comme l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, n’ont pas abouti. En effet, le président démocrate a montré moins d’enthousiasme à soutenir cette cause qui reste existentielle pour le Maroc.
En l’espace de quatre ans, au-delà de la reconnaissance américaine, le Maroc a su, grâce à une diplomatie habile et déterminée, obtenir de nouveaux soutiens : l’Allemagne, l’Espagne et la France ont exprimé leur appui à la souveraineté marocaine sur un territoire que l’ONU continue de considérer comme “contesté”.
Trump, connu pour son mépris de l’ONU et de ses décisions, pourrait aller encore plus loin dans son soutien à la marocanité du Sahara. C’est en tout cas l’espoir majeur des Marocains avec le retour du républicain à la Maison Blanche.
Un nouvel élan pour les relations bilatérales ?
Après son investiture en janvier prochain, toute l’attention de la diplomatie marocaine se tournera vers le nouveau locataire de la Maison Blanche et sa stratégie pour résoudre le conflit du Sahara.
Mustapha Tossa, éditorialiste basé à Paris, estime que « le retour de Trump est un événement extrêmement positif pour le Maroc parce qu’il est prévu que le 46e président des États-Unis puisse continuer sa politique du soutien au Sahara marocain à travers de nombreux gestes comme l’ouverture d’un consulat aux provinces du Sud, ou une éventuelle grande visite au Maroc, ce qui n’a pas fait au premier mandat».
En tant que membre permanent du Conseil de sécurité et première puissance militaire et économique mondiale, les États-Unis jouent un rôle clé sur la scène internationale et pourraient jouer un rôle décisif dans la résolution du conflit du Sahara. Les alliances de l’Algérie, voisine du Maroc et soutien affirmé du Polisario, avec certains membres du Conseil de sécurité, ont contribué à maintenir le conflit dans une impasse depuis plusieurs décennies.
« La prochaine administration républicaine devrait exercer une pression considérable sur l’Algérie, afin de la contraindre à accepter une solution politique et à abandonner son soutien aux indépendantistes. L’objectif étant de clore le conflit diplomatique et d’ouvrir la voie à un dialogue direct entre Alger et Rabat», nous confie le journaliste Mustapha Tossa.
? Vers la résolution du conflit du Sahara
Dans un contexte mondial marqué par deux guerres majeures en Europe et au Moyen-Orient, le Maroc pourrait nourrir des inquiétudes quant à la priorité accordée à la question du Sahara par le prochain président républicain, à court terme.
Malgré le contexte géopolitique bouillant, Le journaliste marocaine Tossa avance que « le fait que Trump s’est engagé à mettre fin aux guerres notamment en Ukraine et Gaza n’aura pas un impact sur l’affaire du Sahara, parce qu’elle est un acquis pour les relations entre le Maroc et les Etats-unis, on s’attend à ce que la stabilité de région du Maghreb et la lutte contre les facteurs de guerre et tensions au Sahel seraient une priorité de l’Administration américaine».
Les relations entre le Maroc et les États-Unis remontent au 18e siècle. En 1777, le Maroc fut le premier pays à reconnaître l’indépendance des États-Unis, et en 1786, les deux nations signaient le traité d’amitié maroco-américain.
Selon Driss Aissaoui, analyste politique qui s’est confié à nos confrères de Lebrief.ma, « l’intérêt des Etats-Unis pour le Maroc s’explique essentiellement pour deux raisons. D’une part, la position géostratégique du pays, à l’extrémité occidentale de la Méditerranée, d’autre part, l’orientation modérée du Maroc dans les affaires régionales et internationales ».
L’optimisme des Marocains après l’élection de Trump trouve son origine dans les solides relations entretenues entre le Maroc et les Républicains
« Historiquement, les Républicains étaient plus proches du Maroc que les Démocrates qui étaient plus perméables au lobbying des adversaires du Maroc. Les Démocrates avaient une certaine tonalité critique envers le Maroc », indique Tossa.
« Il n’existe plus de différence flagrante entre l’administration démocrate et républicaine, car les Etats-Unis est un pays uni qui a fait le choix stratégique de reconnaitre la marocanité du Sahara et de considérer le Maroc comme un allié crédible notamment sous Trump, l’homme des contrats et coups politiques », rappelle Mustapha Tossa.